- Cela fait deux années scolaires que le professeur d’arts plastiques du collège de la rue de Châteaudun de Belfort, fait vivre une page Facebook autour du monde des arts.
- Qu’a apporté cette page aux élèves, à l’enseignant, à l’établissement, à la communauté des enseignants d’arts plastiques du net ?
- Quel avenir pour cette page de partage autour des arts plastiques ?
A. Présentation de la page : Partage créatif au collège Châteaudun de Belfort
https://www.facebook.com/Partage-cr%C3%A9atif-au-coll%C3%A8ge-Ch%C3%A2teaudun-de-Belfort-321749674663190/
Page ouverte en novembre 2014, à partir d’une idée de l’enseignante d’arts plastiques qui souhaitait que le tout le temps passé sur les réseaux sociaux, par les élèves du collège, puisse servir aussi à s’ouvrir sur l’art.
Cette initiative est arrivée au bon moment car cette année là l’Ent de l’établissement dysfonctionnait. Sans la page Facebook, le professeur aurait été dans l’impossibilité de partager avec ses élèves des références artistiques, à d’autres moments que dans le cours d’arts plastiques.
Le professeur à commencé par aborder le sujet des réseaux sociaux en classe, avec le niveau quatrième. Plusieurs raisons ont conduit à ce choix :
- Les élèves ont plus de 13 ans. Ils ont donc atteint l’âge l’égal pour ouvrir un compte sur Facebook. http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/06/06/mineurs-et-reseaux-sociaux-une-equation-complexe_1713216_651865.html
- L’adolescence développe chez eux un besoin de se confronter aux regards des autres, sous forme de selfies par exemple, qui doivent être vus par un maximum de monde.
- Ils éprouvent un besoin d’appartenance à un groupe.
- Ils ont besoin de se sentir appréciés des autres, d’où le plaisir d’avoir des « amis » ou des « likes » sur Facebook.
L’aventure Facebook au collège de la rue de Châteaudun de Belfort n’a pas commencé par l’ouverture d’une page. Le professeur a souhaité tout d’abord installer des échanges écrits et verbaux entre les élèves et lui sur le sujet des réseaux sociaux. Le but de ces échanges étaient la parfaite compréhension par les élèves de ce qui motivait leur professeur à vivre une expérience autour de Facebook avec eux :
- Montrer aux élèves qu’ils ont le droit et la possibilité de parler de ces sujets avec un enseignant.
- Expliquer que tout ce que les élèves peuvent exprimer ou montrer sur les réseaux sociaux intéresse le professeur, car c’est un sujet où tout est à apprendre et à comprendre.
- Faire comprendre aux adolescents que les réseaux sociaux peuvent compléter tout ce qu’ils découvrent à l’école
- Donner la possibilité aux élèves de publier, donc de partager, des informations en lien avec le monde des arts ou exposer sur la page leurs propres productions personnelles.
Un résumé de tous ces points apparaît dans le « à propos » de la page Facebook des arts plastiques du collège de la rue de Châteaudun de Belfort. Voir l’image ci-dessous.
En conclusion, il est primordial de bien faire comprendre aux élèves qu’une page Facebook n’est pas un espace privé comme peuvent l’être leur propre mur s’il est paramétré dans ce but, mais bien un espace public. C’est-à-dire un espace que tous peuvent fréquenter, voir, lire ou écouter. Comme tout espace public, il est donc soumis à des règles, dont celle du respect de l’autre. Que les lois juridiques qui s’appliquent aux utilisateurs de cet espace virtuel sont les mêmes que celles d’un utilisateur d’un espace réel comme l’école ou la rue. Pour en savoir plus au sujet de ces lois : https://twitter.com/CNIL
B. Qu’apporte la page Facebook aux élèves
- Une motivation supplémentaire pour apprécier les cours d’arts plastiques :
Au collège de la rue de Châteaudun, le numérique occupe très peu de place dans la pédagogie des enseignants. Les réseaux sociaux sont considérés pour la plupart d’entre eux le plus souvent comme un univers de délits, avec des dangers pour l’élève à chaque clic. De ce fait, lorsque le professeur d’arts plastiques a proposé aux élèves de s’intéresser aux réseaux sociaux dans le cadre de ses cours, les élèves ont exprimé un réel enthousiasme : pouvoir parler de ce sujet sans tabous avec un enseignant.
- Des encouragements du professeur en dehors des heures de cours :
Lorsque l’école demande aux élèves des efforts plus importants que d’habitude, dans le cadre d’un examen, d’un contrôle commun, d’un exposé, d’un projet… L’enseignant peut, par le biais de la page Facebook, trouver différents moyens pour soutenir, motiver, encourager les élèves. Voici, en images, un exemple de publication pour donner du punch aux élèves de troisième pour la préparation et le passage de l’oral du brevet d’histoire des arts, session 2016 .
- Un accompagnement d’un adulte pour explorer l’univers des réseaux sociaux :
Dans de nombreux établissements, le seul accompagnement proposé aux élèves consiste à faire intervenir des associations ou les services de la police, abordant les réseaux sociaux sans avoir ensuite la possibilité de vivre avec eux la vie sur les réseaux sociaux. Ces interventions sont occupées à 90 % du temps par l’étude de cas de dérives de jeunes sur les réseaux sociaux et par une phénoménale liste de sanctions encourues. Parfois il est rappelé que les réseaux sociaux ne sont pas que cela, mais c’est trop tard…l’élève est déjà imprégné par le discours sur ses dangers et ses répressions. Les actions proposées en direction des parents d’élèves relèvent du même scénario. Avec un effet néfaste plus important car ils participent souvent à ces actions dans le but d’y trouver les moyens d’interdire ou de retirer le droit d’utiliser les réseaux sociaux à leurs enfants. L’article ci-dessous, écrit par des lycéens dans le cadre scolaire, est éclairant :
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ARTICLE D’ÉDITION Édition : Lycéennes, lycéens…
Les dangers des réseaux sociaux28 AVRIL 2014 | PAR RÉDACTION LYCÉENNE Les dangers des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter guettent les adolescents car ils sont les premiers à avoir adopté ces réseaux sociaux. La moitié d’entre eux se connecte tous les jours ou presque et les cas de dérapages sont nombreux. Sur les réseaux sociaux les messages peuvent se propager de manière virale. Plusieurs l’ont appris à leurs dépens. Si la faute est virtuelle les conséquences sont bien réelles. Les réseaux sociaux sont devenus à la mode. Beaucoup s’y mettent parce qu’un de leur proche y est. La méfiance ou la critique envers cette nouvelle technologie est endormie par la mode et l’engouement des adolescents. Ils sont les plus nombreux et les plus actifs sur ces sites. C’est pour cette raison qu’ils sont les premières victimes de harcèlement moral, d’injures, ou de photos obscènes. Les faits divers dus à l’utilisation de ces sites se sont multipliés. Plus grave encore, les adolescents partagent leur vie privée sans se rendre compte que leur intimité est exposée publiquement. Les médias sociaux présentent de réels risques : • Prise de conscience insuffisante de l’accessibilité des commentaires, photos, et les risques d’utilisation frauduleuse des données qui en découlent. Les images qui circulent sur le net sont ineffaçables. • Cyberdépendance • Risque de distraction pour les jeunes qui font leurs devoirs sur ordinateur tout en étant connectés à un réseau social. • Contacts indésirables et agressions sexuelles, les pédophiles peuvent utiliser les réseaux sociaux pour entrer en contact avec les victimes potentielles. • Risque d’être ridiculisé, insulté ou harcelé par d’autres utilisateurs (cyberharcèlement) Facebook est d’ailleurs le paradis des voleurs d’identités, des détournements de photos. Pour se faire passer pour une autre personne, il suffit juste de créer un profil au nom de cette personne. Facebook a des côtés positifs et ludiques mais ce réseau social est malheureusement aussi risqué car le grand danger reste la pédophilie. Les adolescents les plus vulnérables sont une proie facile pour les pédophiles et les délinquants sexuels. Quant aux statistiques du ministère de la justice en France, elles montrent qu’une dizaine d’enfants par an sont victimes de violences sexuelles de la part d’un pédophile après l’avoir rencontré sur internet. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir une bonne utilisation de ces réseaux pour ne pas avoir de mauvaises surprises, qui parfois peuvent coûter très cher. https://blogs.mediapart.fr/edition/lyceennes-lyceens/article/280414/les-dangers-des-reseaux-sociaux |
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Dans un tel contexte de rejet des réseaux sociaux, il est indispensable que des enseignants puissent montrer que les réseaux sociaux peuvent aussi enrichir positivement la vie de l’élève, notamment dans le cadre de la vie de classe.
Un enseignant qui se montre intéressé par les réseaux sociaux, et qui en parle avec ses élèves en cours, devient un adulte ressource sur qui ils peuvent compter lui d’autant. Le fait est d’autant plus important qu’une grande partie du temps des adultes et des adolescents se déroule sur la planète virtuelle des réseaux sociaux.
- Une possibilité supplémentaire pour communiquer avec son professeur :
Au collège, les élèves rencontrent leur professeur d’arts plastiques une fois par semaine. Il y a donc 6 jours d’écart entre chaque cours, sans qu’un élève puisse communiquer facilement avec son professeur.
Par le biais du numérique, la communication est facilitée et augmentée. Les élèves ont presque tous une adresse mail pour s’adresser à leurs professeurs. Cette adresse peut être celle intégrée à l’Ent de leur établissement ou celle de la messagerie académique. Pour l’adresse mail en lien avec l’Ent, les élèves peuvent y avoir accès sans que l’enseignant choisisse de la leurs donner. Cela a provoqué une vive inquiétude chez les enseignants qui avaient peur d’être envahis de messages. Rien de tel, au contraire. On peut même se poser la question pourquoi si peu d’utilisations de ce type de messagerie ?
Une première raison est sans doute liée au fait que l’Ent est attaché au domaine scolaire. Nous constatons tous qu’au collège tout ce qui est scolaire est repoussé, voire rejeté par une majorité d’élèves. La page Facebook offre donc la possibilité d’une communication entre les élèves et l’enseignant, sans avoir l’impression que cette communication s’inscrive dans un cadre scolaire.
Il existe d’autres raisons : certains élèves apprécient de pouvoir communiquer avec le professeur par le biais de la page Facebook. En voici deux exemples :
- L’élève n’ a pas besoin de son mur Facebook pour écrire un message, faire un commentaire ou publier.
- L’élève n’a pas besoin de retrouver un code Ent, code qu’il n’a pas mémorisé, contrairement à celui de Facebook.
- Une ouverture d’esprit sur le monde de l’art :
La simplicité pour publier sur la page Facebook des arts plastiques du collège permet à l’enseignant de proposer à la classe toutes sortes de nouvelles en lien avec les arts. En voici quelques exemples :
- Des partages de gif créatifs, pour donner envie de se lancer ensemble dans des projets d’animation en classe.
- Des informations culturelles de proximité, pour inviter les élèves à se retrouver au musée, à un spectacle ou à un vernissage d’exposition.
- Des courtes vidéos pour découvrir un artiste contemporain.
- Des photographies surprenantes qui permettent de s’intéresser à un photographe et à son travail.
- Une mise en valeur renforcée de l’élève :
En plus de faire connaître le monde des arts aux élèves, une page Facebook sert aussi à mettre en valeur les élèves de différentes manières.
- En publiant, les élèves confirment leur maîtrise des compétences en lien avec l’EMI.
- La participation de l’élève à la vie de la page, sans se cacher derrière un anonymat, montre qu’il s’intéresse à une activité en lien avec son établissement.
- L’élève peut partager facilement avec toutes ses relations familiales ou amicales ce qu’il fait au collège.
C. Qu’apporte cette page à un enseignant d’arts plastiques ?
- Habiter les mêmes planètes que nos élèves et partager les mêmes valeurs :
Les élèves ont souvent l’impression que le monde de l’enseignant et le leur sont séparés. Proposer une page Facebook, administrée et alimentée en partie par l’enseignant d’arts plastiques, montre que le professeur n’est pas déconnecté des univers numériques tant appréciés par les élèves.
La page permet d’ailleurs de faire un bout de chemin ensemble sur la planète des réseaux sociaux. Ces moments numériques en commun permettent à l’enseignant d’accompagner les élèves en leur montrant comment prendre le moins de risque possible. Ils permettent aussi à l’élève d’apprendre aux professeurs toutes sortes d’astuces qu’il ne connaît pas sur les réseaux sociaux. L’entraide existe dans les deux sens.
- Donner une place aux arts plastiques en dehors du collège :
Les élèves rencontrent au mieux leur professeur d’arts plastiques une heure par semaine. Cela représente donc très peu de temps sur une année. La page Facebook est un moyen d’augmenter nos temps ensemble, pour les élèves qui le désirent. On peut constater que certains élèves profitent vraiment de cette opportunité. Les « j’aime » de leur part apparaissent sur de nombreuses publications. D’autres signalent leurs présences de temps à autre. Ce choix du degré d’implication est apprécié des élèves. Rien n’est obligatoire sur cette page en dehors des règles du savoir vivre ensemble.
- Partager avec d’autres enseignants d’arts plastiques ce qui se vit dans notre établissement :
Comme nous sommes souvent les seuls enseignants d’arts plastiques dans les établissements, nous avons rarement la possibilité de voir comment travail un(e) collègue de la même discipline.
Or, nous pouvons imaginer le travail réalisé par nos collègues, par des articles déposés sur le site académique des arts plastiques. La page « Partage créatif au collège Châteaudun de Belfort » est une autre manière de faire découvrir le travail d’un enseignant d’arts plastiques dans son établissement. Avec la possibilité de publier des articles plus rapidement, donc plus fréquemment que sur le site.
Ce type de page a motivé d’autres enseignants d’arts plastiques à partager ce qui se vit en arts plastiques dans leur établissement et a donné naissance à huit pages Facebook dans le même esprit, consultables à partir de l’adresse suivante : http://arts-plastiques.ac-besancon.fr/2016/03/13/les-pages-facebook-des-enseignants/
D. Qu’apporte la page facebook à l’établissement ?
La page « Partage créatif au collège Châteaudun de Belfort » est une image valorisante pour le volet du projet d’établissement qui concerne l’action artistique et culturelle. La page fait parties des outils numériques que nous utilisons en remplacement d’un site d’établissement pédagogique qui n’existe pas au collège.
E. Quel avenir pour cette page ?
Après deux années d’exploitations de la page « Partage créatif au collège Châteaudun de Belfort » essentiellement sur un temps hors scolaire, le professeur va mettre en place une utilisation de la page à l’intérieur des cours d’arts plastiques. Cette évolution est facilitée par le Réforme Pédagogique du Collège et l’inscription dans les programmes de l’Education aux Médias et à l’information (EMI).
La page « Partage créatif au collège Châteaudun de Belfort » peut aussi devenir un support idéal pour construire l’EPI « Information, communication, citoyenneté » qui, dans le collège, a été choisi pour le niveau 3e et réunira les disciplines suivantes : arts plastiques et histoire / géographie.
Toujours dans le cadre des EPI, nous souhaitons tester, au collège, une page Facebook pour partager entres les 6 enseignants, les élèves et les parents concernés par l’EPI « Le cirque et la danse dans tous ses états », toutes sortes d’informations de ressources et de projets se rapportant à cet EPI.
Enfin, le professeur souhaite que les élèves s’emparent de plus en plus de la page Facebook et qu’on trouve ensemble comment mettre en application la liste de projets en lien avec les arts plastiques, imaginés par les élèves cette fin d’année scolaire.